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Photo du rédacteurSakina Traoré

Tu as choisi de l'aimer

[...]


- Dis quelque chose s’il te plaît, Cheick…


Mais je n’ai rien à te dire.

Rien à casser.

Rien à hurler.

Rien à pleurer.


Je n’ai rien à te dire, Maïra.


Assis là sur le lit, les yeux rivés sur ton trolley, la seule chose qui me passe par la tête, ce sont ces mots que tu m’as balancés : « Je ne l’ai pas fait exprès ».


Je les entends résonner dans mon esprit et au fil des secondes, le ridicule de la situation me saute aux yeux, me fait éclater de rire. Un rire amer, désabusé… le plus nerveux que j’aie eu de ma vie.


Tu ne l’as pas fait exprès, la bonne blague ! Me prends-tu pour un enfant ? Ou est-ce toi-même que tu essaies de convaincre ?


J’aurais pu tout accepter comme excuse de ta part mais pas cette fameuse phrase. Pas un « je ne l’ai pas fait exprès », Maïra ! C’est pitoyable, c’est irresponsable, c’est insultant !


On ne fait pas exprès de casser un vase près duquel on passe ;

On ne fait pas exprès de mettre deux chaussures différentes alors qu’on est pressé ;

On ne fait pas exprès de se mordre la langue en mangeant un plat goûteux…


Mais ça ? Non, vraiment, tu dois me prendre pour un con fini. Ou c’est que tu es plus insensée que ce que je pensais.


Je veux bien que tu n’aies pas fait exprès de le remarquer.

Que tu n’aies pas fait exprès de lui sourire.

Que tu n’aies même pas fait exprès de ressentir une pointe d’excitation les premières fois où vos regards se sont croisés.

Mais ton numéro de téléphone, lui as-tu donné par inadvertance ?

As-tu accepté ses invitations à manger sans le vouloir ?

N’as-tu pas fait exprès de te confier à lui pendant des heures et des heures alors que tu te fermais à moi comme une huitre ?

N’as-tu pas fait exprès d’envelopper sa main de la tienne alors qu’il l’avait posée sur ta cuisse ?


Et n’as-tu pas fait exprès de lui rendre son baiser et de le laisser te déshabiller ?

Alors comment, aujourd’hui, oses-tu me dire que tu n’as pas fait exprès de l’aimer ?

Comment oses-tu me dire une chose pareille après que tu lui aies donné ton temps, tes secrets, ton intimité, tes sourires, tes espoirs… tout ?

Les coups de foudre existent, Maïra, je ne le nierai pas. Mais ce n’est pas ce qui est arrivé ici. Ce n’est pas ce qui nous détruit aujourd’hui.

Le monde a fini de persuader la majorité des gens qu’on tombe amoureux comme on tombe dans les escaliers. De façon involontaire, incontrôlée.


On est tous persuadés que c’est quelque chose qui arrive sans qu’on ne puisse rien y faire, rien y changer. Mais c’est tellement faux.

L’attraction et le désir, oui on peut les ressentir sans se contrôler. Mais l’amour, le vrai… on le décide, on le bâtit.


On l’initie en ouvrant la porte de notre cœur à l’autre ; on le construit en accordant temps et attention à l’objet de notre désir.

Ton cœur était à moi, Maïra. Mais petit à petit, que tu veuilles te l’avouer ou pas, tu m’y as retiré pour faire de la place à un autre.


Tu as choisi de lui donner tout ce que tu me donnais.

Alors ne viens pas aujourd’hui t’étonner de ce que ton cœur ait fini par me remplacer par lui, alors que toi tu l’avais déjà fait en pensées et en actions.

« Je ne l’ai pas fait exprès », mais quelle stupidité ! Et j’aimerais bien t’expliquer à quel point c’est absurde mais je n’en ai ni le temps ni l’envie.

Pars, Maïra. Pars et ne reviens pas.

Si ton cœur est une passoire qui laisse entrer et sortir tous ceux qui piquent ton intérêt, alors j’accepte la faveur que tu me fais en me quittant.

Je ferai exprès de t’oublier, de t’effacer, et d’en choisir une autre qui saura que c’est une décision de tous les jours que d’aimer et de rester avec quelqu’un.

Pars, Maïra. Et ne reviens pas.



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